La technique du verre soufflé est bien présente en Tunisie et l’on peut mesurer à quel point cette pratique s’est affinée au fil des siècles : on trouve des objets du quotidien en verre soufflé dans les différents musées historiques de Tunisie datant des périodes puniques puis romaines. Après une éclipse de quelques siècles, le verre revient en Tunisie par l’effort de l’Office National de l’Artisanat qui a réintroduit les techniques traditionnelles. Les artisans créateurs ont pris la relève et s’expriment désormais dans plusieurs registres qui allient traditions ancestrales et pratiques modernes.
Tarak Kamoun fait ce choix un jour de 1979. Avec des amis étudiants aux Beaux-Arts de Tunis, il se rend à un stage de verre soufflé se tenant à Murano en Italie. C’est son premier contact avec le verre. Il reviendra à Murano à plusieurs reprises, puis, se sentant prêt, opte pour l’élaboration d’un atelier en Tunisie.
Il remonte le temps et s’inspire de l’histoire du verre en Tunisie : les pièces en verre soufflé du XVIIIème siècle le fascinent. Il reprend la technique du verre soufflé à l’intérieur de fer forgé, expérimente les tensions créées, pousse la matière et la voit évoluer au fil des années.
C’est à Soliman (à 70 km au sud-est de Tunis) que Tarak choisit d’exercer sa profession de créateur verrier. Son usine abrite une vingtaine de souffleurs, finisseurs et maîtres verriers, maestros d’un ballet importé en Tunisie par les Phéniciens.
Tarak a développé l’art de la table et une vaisselle originale à base de produits soufflés dans le verre, un art contemporain imprégné des méthodes ancestrales.
Travail du verre soufflé
Tout cela va si vite que l’on croit à un numéro de passe-passe : un premier artisan se charge de la fusion du verre, un second apporte de la matière au souffleur et la magie commence à opérer. Le souffleur souffle la matière dans un tube métallique, l’objet prend forme au gré du souffle chaud et des manipulations réalisées par le souffleur.
L’objet passe de « mains en mains », si on peut dire, on modifie sa forme, on lui ajoute des éléments, des anses, des pieds.
La matière s’étire, se gonfle, se blotti dans un moule, retourne au four se réchauffer, transpire, se jette à l’eau dans un nuage de vapeur. Elle s’affine peu à peu. A mesure qu’elle est transformée elle devient plus transparente, les couleurs ressortent.
Bref, en peu de temps, du moins en a-t-on l’impression, on est passé de la pâte de verre en fusion à un très bel objet, tels que ces verres à eau colorés en verre soufflé.
Rencontre entre Comptoir Azur et cet artisan verrier, Tarak Kamoun
Si on ne devait retenir qu’un mot pour décrire la visite de l’atelier de Tarak ce serait FASCINATION.
Quand j’ai visité son atelier, j’ai été impressionnée par le ballet des artisans, la chaleur des fours, la magie de la transformation et enfin la diversité des formes et des couleurs.
Il règne également dans son atelier une atmosphère studieuse et respectueuse : respect du travail bien fait, respect du maître verrier, respect des pièces fabriquées.
Ici tout a de la valeur : l’être humain, son travail, l’aboutissement de son travail. Et ceci correspondait bien aux engagements pris pas Comptoir Azur.
Références de cet artisan du verre soufflé, Tarak Kamoun
En 2009, « La Collection » : « La Collection » est la conclusion d’une aventure de 2 ans parrainée par l’Institut Français de Coopération, l’Office National de l’Artisanat et Monoprix Maison. Elle a réuni sous forme d’ateliers à thèmes, des artisans tunisiens et des designers nationaux et internationaux de talent. Des objets en verre soufflé naîtront de la collaboration entre Tarak Kamoun pour la réalisation et Thomas Goux, Nicolas Tourette pour la conception.
Mars 2010 : Leïla Menchari, directrice de la décoration chez Hermès, a été invitée par l’Institut du Monde Arabe à Paris à mettre en scène son imagination dans une exposition intitulée «Orient-Hermès». Tarak y a participé et a fait découvrir son talent.