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L’exposition ‘Cités Millénaires’ pour la conservation du patrimoine Leave a comment

Auteure – Rim SOUISSI

J’ai eu la chance d’aller à l’exposition ‘Cités Millénaires’ qui a lieu à l’Institut du Monde Arabe en ce moment et se finit le 17/02 prochain.

Cette exposition m’a touchée à plus d’un titre. Je dirais même qu’elle m’a émue.

Je vous encourage fortement à y aller. On en ressort ébranlés et enrichis.

Si j’ai écrit cet article c’est parce que j’ai toujours été sensible à la conservation du patrimoine et que je m’y attache de mon côté notamment par la création de Comptoir Azur. Visitez notre rubrique concernant nos valeurs pour mieux comprendre si vous ne le savez déjà.


Conservation du patrimoine par la numérisation des photos

L’exposition organisée par l’IMA autour des Cités millénaires s’intitule « Voyage virtuel de Palmyre à Mossoul« .

La promesse « d’un voyage virtuel et d’une spectaculaire mise en scène immersive » est tenue. Elle consiste à nous faire découvrir en images 4 sites dans 3 différents pays. Leurs dénominateurs communs sont que ces sites sont extrêmement beaux et classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco.

L’autre triste dénominateur commun est qu’ils ont été dévastés par la guerre.

Il s’agit de :

  • site archéologique Leptis Magna en Lybie
  • la vielle ville d’Alep et le site archéologique de Palmyre en Syrie
  • et enfin le village de Mossoul en Irak.

Les images que l’on voit pendant cette exposition sont de deux types :

  • les images des sites tels qu’ils sont aujourd’hui, après leur destruction partielle ou quasi-totale
  • une reconstitution numérique de ce qu’étaient ces sites avant d’être frappés par la folie de l’Homme.

La musique est de circonstance : très belle et …très triste.

Autour de l’exposition on peut écouter des témoignages filmés des personnes qui œuvrent pour la préservation de ces sites et ce, de différentes façons :

  • en ayant une action directe sur la préservation du site tels que cs quelques libyens qui prennent l’initiative de garder armés et à plusieurs le site e Leptis Magna
  • ou indirectement en refusant de quitter ces lieux alors même que la guerre est à leurs portes. Ils souhaitent être là pour reconstruite leurs villages. Le Patrimoine n’est en effet pas que des pierres et si les hommes ne sont pas là pour perpétuer l’Histoire, le savoir-faire, les us et coutumes, les pierres ne serviraient à rien.

L’émotion ressentie pendant l’exposition

Je suis très heureuse et reconnaissante à l’IMA d’avoir réalisé cette exposition car il n’est pas certain que de mon vivant je puisse voir ces sites d’une grande beauté reconstruits.

C’est le cas notamment des ruines du site archéologique de Palmyre et de la ville de Mossoul. Des destinations lointaines que j’aurais aimé visiter avant leur destruction.

La barbarie de ceux qui les ont détruites m’a laissée sans voix.

Tout dans cette exposition est émouvant : la beauté des sites avant leur destruction, le fait que leur destruction soit programmée et fasse partie de la stratégie des belligérants.

Chacun des sites menacé de disparaître a eu un écho sur moi, en tant que citoyen du monde d’abord, mais également en tant que Rim avec mon histoire personnelle.

La citadelle d’Alep, construite en 1230, domine la ville d’Alep. L’édifice est aujourd’hui en partie éventré suite à l’explosion 2015.

La visite des souks d’Alep dévastée m’a fendu le cœur. Cette médina ressemble tellement à la Médina de Tunis (elle même classée au Patrimoine Mondial de l’Unesco) à laquelle je suis si attachée. J’ai pensé à des entrepreneurs rencontrés lors de salons et qui travaillaient avec des artisans de la ville d’Alep. Ils importaient leur fameux savon d’Alep, des tapis en feutre et des objets en verre soufflé. J’ai pensé aussi que je n’envisageais pas une seconde que la médina de Tunis puisse disparaître…

Quand j’ai été sur le site reconstitué de Leptis Magna, j’ai pensé combien ce peuple était proche des tunisiens. Leptis Magna m’a rappelée les Thermes d’Antonin tant par la fonction que le site que ces ruines occupent aujourd’hui. je me suis posée la douloureuse question « Que serait Carthage sans ses Thermes? ». Elle serait amputée d’un bras.

On apprend que cette destruction est organisée et programmée…:

  • des sanctuaires juifs, chrétiens, islamiques
  • des sites archéologiques et antiques.

Je ne sais pas à quel moment j’ai eu les larmes aux yeux. Leptis Magna? Palmyre? Mossoul? Alep? Peu importe. Pour moi aucun site qui nous ancre dans notre passé ne peut être dévasté de la sorte sans laisser des traces sur l’Humanité toute entière.

Peu importe d’où on vient, notre pays d’origine (c’est quoi d’ailleurs cette notion? ), on ne peut pas rester indifférent à ce saccage de notre patrimoine, de ns racines.

Avant de me rendre à l’Institut du Monde arabe, j’ai surfé sur le site de l’IMA pour voir quelle présentation l’Institut faisait de cette exposition et j’ai compris que le voyage serait éprouvant. En arrivant à l’IMA j’ai dit à mon amie :’Tu sais, je crois que ça va être dur’.

Pour finir, je me suis demandée jusqu’où ira la bêtise humaine : détruire son patrimoine, n’est-ce pas scier la branche sur laquelle on est?

Je me suis demandée jusqu’où irait la folie et j’ai l’optimisme de penser que la lumière vaincra l’obscurité…mais à quel prix? La lumière, c’est, entre autres, le projet de reconstruction de ces 4 sites.

Enfin, je me suis dit que j’étais bien chanceuse de vivre entre deux pays en paix, la France et la Tunisie, même s’ils traversent des crises actuellement.

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